On avance on avance on avance – Haro sur 2020 ?

 « On avance, on avance, on avance. Tu vois pas tout ce qu’on dépense. On avance. Faut pas qu’on réfléchisse ni qu’on pense. Il faut qu’on avance. »
Alain Souchon


Les Dancing Pallbearers, porteurs de cercueil ghanéens



Maintenant qu’elle s’est achevée, il est possible d’observer 2020 avec le regard dépassionné de l’historien : une bien belle année de merde ! Ces considérations académiques étant posées, notons deux effets caractéristiques de l’hypnose que vous pourriez ressentir en repensant aux derniers mois.



Soixante-neuf, année érotique ; Deux mille vingt, année hypnotique ?


La forme la plus immédiatement perceptible d’hypnose est la distorsion temporelle. Lorsque quelqu’un se demande s’il a été ou non hypnotisé, la première chose à regarder c’est : « À votre avis, ça a duré combien de temps ? »

Je ne sais pas, cinq minutes ? Une demi-heure, une heure ? Plus le doute est grand, plus l’hypnose a potentiellement été profonde. Où êtes-vous parti en vacances l’an dernier ? Si vous accédez plus facilement à vos souvenirs de 2019 que de 2020, vous pouvez considérer que c’est là la marque de l’hypnose.


La seconde, mais non moins intéressante marque, c’est l’utilisation de la pensée symbolique.


Le fait d’évoquer 2020 comme une annus horribilis ainsi qu’on l’observe sur les réseaux sociaux exprime un processus de condensation et de substitution. Tout ce qu’il s’est passé l’an dernier, et dont il est si pénible de parler, se trouve contenu dans cette vision abstraite de l’année 2020 devenue chair. Chaires mortes.


En hypnothérapie, ce processus naturel est utilisé de manière stratégique, via par exemple le déplacement de symptômes. Si vous n’arrivez pas à entrer en transe sur cette chaise, essayez-en une autre. Cela peut sembler ridicule de l’extérieur, mais pourtant nous sommes en plein dedans : 2020 n’était pas bonne ? Essayons 2021 !


Après tout pourquoi pas ? Si une pomme dans un panier est pourris, cela ne signifie pas que toutes le sont. Seulement voilà : il y a entre une pomme et une autre une différence qui a priori n’existe pas entre deux années. Les deux fruits sont deux objets différents sur le plan matériel tandis que la différence entre deux années n’est a priori qu’un consensus adopté dans la notation du temps.


A priori… Mais dans les faits, l’esprit qui est essentiellement symbolique, va plus facilement faire l’inverse : distinguer des années que des fruits. Une pomme en vaut bien une autre. Mais certaines années, certains chiffres, sont des fétiches. Les changements de siècle, les changements de millénaires, voir tout simplement le passage d’une année à l’autre, provoquent des peurs et des espoirs dans l’esprit de chacun.


Cela n’est pas tant du à l’année en tant qu’outil de mesure, qu’à ce qu’elle mesure : la Révolution ! Celle de la Terre autour du Soleil. Il est donc naturel que cette symbolique s’exprime de différentes manières à chaque début d’année. Il y a l’homme du commun, qui mène sa révolution personnelle en prenant des bonnes résolutions. Il y a le gouvernement, qui exprime sa radicalité idéologique en citant – Comme le préfet Lallemand – des révolutionnaires bolchéviques. Et il y a ceux qui sont plus proche de la matière que de l’esprit et qui participent au grand embrasement rituel de voitures du Nouvel An afin de faire perdurer cette tradition de dégradation chère aux révolutions ; qui fait qu’on ne bâtit pas l’ordre nouveau sans détruire au préalable l’ordre ancien.


2020 est morte, Vive 2021 ! Mais j’entends qu’un complot s’ourdit sous nos yeux : voilà que certains experts prétendraient nous faire croire que nous serions toujours en 2020.


Un troisième confinement ne serait pas exclu selon le sinistre et véreux ministre Véran. Il faut dire que le premier et le deuxième furent de si franche réussite, comment ne pas vouloir remettre ça au plus vite ? Puis il ne faut pas croire, les vagues, c’est comme à la plage : il y en a tout le temps… Soo 2020 comme manière de réfléchir ! 


La lie de l’élite se pavane dans les médias avec des têtes de VRP constipés de la maison Borniol et nous devrions faire comme si leur conception surannée du temps était la bonne ! Et si le film Tenet n’était pas un navet de science-fiction à trop gros budget, mais une plongée terrifiante dans l’esprit des marcheurs bleus ?


Décrit comme un « étau temporel », le dernier film de Christopher Nolan expose la guerre secrète entre le présent et le futur. Le narratif abscons de la première partie plonge le spectateur dans une sorte de stupeur dubitative : est-ce qu’il y a quelque chose à comprendre ou n’est-ce là qu’une débauche écœurante d’artifices numériques complexes et de termes pseudos-techniques afin de se donner une contenance ? Cela c’est ce que chacun se demande à propos du multivers macronesque depuis huit mois. Afin de respecter sa vocation palindromique, la deuxième moitié du récit n’est que la première partie diffusée à l’envers. Loin d’éclaircir le propos, le spectateur se retrouve à la fin du film au tout début de l’histoire, invité à en reprendre une dose ; juste au cas où.


2020 aura été l’année paroxystique où des solutions inefficaces auront été imposées pour répondre à des problèmes mal posés. Nous ne voulons pas que 2021 ait le même goût !



Après les heures sombres, les minutes qui puent ?


On avance, on avance, on avance… Mais on fait toujours la même chose ! Rien ne marche dans les décisions qui sont prises ! Le président Trump l’avait exprimé de manière plus triviale en déclarant que tout ce que Macron touchait devenait de la merde.


Au-delà de Macron, c’est tout un système qui pue. Lorsque l’on parle des vaccins, la putréfaction nauséabonde de la communication gouvernementale éloigne le chaland des vrais questions. Bien avant de se demander s’il faudrait ou non un passeport vaccinal, ou encore quel devrait être le « rythme » et les objectifs d’inoculation, rappelons que le fameux argent magique qui permet d’acheter quasiment deux milliards de dose pour moins de cinq cent millions d’habitants, qui permet de se payer pour plusieurs milliards des médicaments qui ne fonctionnent pas, c’est le nôtre !


Ce qui est magique avec cet argent, c’est que ceux qui nous le volent exigent avec autorité qu’on prononce le mot magique – non pas abracadabra mais « merci » – lorsqu’ils daignent nous en rendre quelques miettes.


Avec la thérapie génique obligatoire, nous sommes hors du registre culinaire. Ce ne sont pas des miettes qu’on nous jette, c’est un poignard qu’on nous plante dans le dos. Aucun citoyen libre ou informé ne souhaite servir de cobaye à des groupes pharmaceutiques condamnés pour publicité mensongère et corruption. Alors les hommes de 2020 essaient de mentir et de faire croire aux gens que nous serions toujours en 2020 : Aie confiance, crois en moi, dort petit d’homme, dort.


Vous le savez, le vaccin est gratuit, sans aucun risque et ne présente en somme que des avantages. D’ailleurs, le virus lui-même ne présente pas de risques, enfin c’est ce qui était dit l’an dernier à la même période. Tout va bien, il y a des stocks de masque, le temps est bon le ciel est bleu, nous n’avons rien à faire d’autre qu’être heureux. Alors on avance, on avance on avance.


Dans le futur, vous ne possèderez rien et vous serez content ! C’est un des scénarios-slogans envisagé par le forum économique mondial pour 2030. C’est vers ça que nous avançons. L’idée peut être défendue d’un point de vue politico-mercatique. Il s’agirait de changer notre vision du monde en transformant notre rapport aux objets que nous possédons. Les objets deviendront des services en location.


Après tout, une maison peut être envisagée sous forme de services : une adresse pour recevoir le courrier, un lit pour dormir, une cuisine pour préparer ses repas, un salon pour recevoir des amis ou se détendre… Il est tout à fait possible, et cela existe déjà, d’accéder aux mêmes services sans posséder une maison.


Louer, c’est être libre disent ses promoteurs. Lorsqu’on fait l’acquisition d’un objet, n’est-ce pas pour bénéficier du service qu’il offre ? Puisque nous n’utilisons pas ce service en permanence, l’objet nous coûte : il coûte de la place, de l’entretiens, du temps. Dans le futur, internet permettra d’accéder à tout ce dont on a besoin, quand on en a besoin. Une application permettra de se faire livrer n’importe quoi, puis un coursier viendra reprendre l’objet une fois que l’on en aura plus besoin. La location coûte moins cher que l’achat, mais ce n’est pas tout : le recyclage des produits sera rendu plus efficace, du fait qu’il sera réalisé directement dans les entreprises.


Faut pas qu’on réfléchisse ni qu’on pense. Il faut qu’on avance !

Prenons tout de même un moment pour noter que sous ses abords pragmatico-lénifiants, cette vision « You’ll earn nothing and you’ll be happy » modifie radicalement la vision et le sens de la société.



L'attaque des anarco-autoritaristes ultra-communistes néolibéraux mutants


Dans la société « traditionnelle », l’État est théoriquement sensé protéger la propriété privée. Le libéralisme n’est pas à la base une doctrine économique, mais un principe juridique. La propriété privée, c’est d’abord être le propriétaire de son corps, de son temps et de son esprit, c’est ça l’égalité : c’est que la loi défende le citoyen riche comme le citoyen pauvre de la même manière, non pas en raison d’un précepte religieux qui dirait que nous sommes tous frères, mais au nom d’un principe libéral qui dit que notre personne est privée et que nous en sommes les propriétaires. Dans la vision économique qui en découle, la propriété, c’est le fruit du travail et le fait qu’elle soit privée devrait permettre à quiconque de la transmettre sans s’en faire voler une partie par l’État. Nous savons que ce n’est pas le cas, le libéralisme est déjà mal en point ; 2030 marquera-t-elle le crépuscule du vieux concept de liberté ?


Dans le futur, cette vision orientée « service » élimine progressivement l’idée même de propriété privée, et son principe sous-jacent de liberté. Si vous n’êtes pas propriétaire de votre logement, vous êtes obligés de travailler pour ne pas dormir sur le trottoir. Dans le futur, lorsqu’il y aura des forfaits pour tout, l’individu qui soudain verrait son flux d’argent se tarir, serait privé de tout. Cela rend tout un chacun extrêmement dépendant de son travail : l’individu capitaliste, c’est-à-dire celui qui accumule un capital – maison, voiture, etc. – risque de progressivement disparaître au profit de l’individu « flux » inséré au sein d’un système. Ceux qui seront dans les bonnes entreprises auront des tarifs privilégiés négociés par leur comité d’entreprise, ils vivront dans des sortes de phalanstères modernes, rendu à la fois dépendant d’un État tyrannique atteint d’obésité morbide et à la fois captif de l'idéologie smart et post-inclusive au sein de leur univers professionnel, devenu alpha et oméga de leur existence.


D’un point de vue historique, cela s’est déjà observé à l’époque de l’effondrement de l’Empire romain : le féodalisme. Le féodalisme, ce sont les plus faibles qui font allégeance aux plus forts, qui se font eux-même allégeance entre eux jusqu’au roi. Ainsi, personne n’est l’égal de personne, chacun étant le vassal d’un autre dans une structure pyramidale complexe faite de rapports de force plus ou moins assumés. Dans la perspective globaliste contemporaine, le roi évoque l’idée de gouvernement mondial que les cosmopolites de tous bords appellent de leurs vœux, et dont l’Europe ne serait qu’une ébauche créative.


Ici point de seigneurs, points de blason, mais des comités d’entreprises, des marques, des constellations d’univers qui se côtoient et s’imbriquent entre eux afin d’organiser l’exploitation systémique du XXIe siècle.


Nous avons vu pendant la crise paranoïaque gouvernementale de l’an deux mil et vingt, quels étaient les priorités de l’idéologie en place : les grandes entreprises internationales ont été indument favorisées par rapport aux commerces locaux. Les fonctionnaires ont été privilégiés face aux libéraux, cela nous montre à son odeur la dimension ultra-communiste néolibérale du futur vers lequel nous avançons : tous les défauts du communisme, tous les défauts du capitalisme, mais aucune de leurs vertus.


Si les petites et moyennes entreprises disparaissent progressivement au profit des grands groupes internationaux, nous serons bientôt revenus à la structure sociale tripartite de l’Ancien Régime. Le clergé de bureaucrates experts ès gestion administrative absconse, dispensant la bonne parole et menant l’Inquisition via sa police politique d’un côté. La noblesse d’entreprise inclusive et écologiste ainsi que ses vassaux affidés de l'autre. Enfin, le Tiers-État qui paye de son temps et via son abnégation intellectuelle pour que tout ce beau monde se gave jusqu'à l'agonie.


Au départ, on avance, on avance, on avance, c’est une évidence : on n’a pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens. C’est pourquoi il est assez inquiétant de constater que les mêmes personnes qui voulaient nous empêcher de fêter la Saint Sylvestre voudraient maintenant nous faire croire qu’elle n’a jamais eu lieu.


Après tout, cela n’a jamais été tenté en France d’imposer le port du masque ou le couvre-feu et le confinement, alors pourquoi ne pas essayer ? On verra bien dans quelques mois si ça marche, avec le recul du temps…


Non ! Non, non et non !

Il faut qu’on avance. L’homme de 2021 est un esprit neuf dans un corps neuf. Lorsqu’il constate qu'à l’intérieur d’un œuf c'est vert grumeleux et qu’il s'en dégage d’odieuses odeurs de putréfactions il… ne… le mange pas !


Comme des vieux yaourts oubliés au fond d’une cave mal ventilée, la parole du gouvernement a développée une forme de culture impropre à la consommation. Ça sent mauvais, ça regarde pas bon et ça n’inspire pas confiance. Qui aujourd’hui laisserait sa grand-mère ou ses enfants seuls avec un ministre ? Quid de notre pays ?


Le temps existe, lui aussi il avance. Et le temps constitue pour l’esprit un argument. Et si on essayait la colonisation ? Tu es fou voyons ! Regarde le temps, regarde l’histoire : ça ne marche pas ! Et si on essayait le communisme ? Tu es fou voyons, regarde l’URSS, regarde Pol Pot, regarde Mao ! Ça ne marche pas ! Et si on essayait de renégocier l’Europe ? Tu es fou voyons, regarde Tsipras, regarde Macron, regarde Hollande, regarde Sarkozy, regarde Chirac, regarde tous ceux qui ont essayés : ça ne marche pas ! Et si on essayait le confinement ? Et si on essayait de croire le gouvernement, et si on essayait de taxer plus, de surveiller davantage, de contrôler mieux, d’interdire autrement, de sanctionner encore ; si on essayait de tuer les libéraux, les restaurateurs, les vieux, de traumatiser les jeunes et de rendre tout le monde paranoïaque ? Si on essayait ?

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Hypnose et Propagande – Comment fonctionne la manipulation mentale ?

Linguistique de la propagande – De quoi complotisme est-il le nom ?