L’an huit – Le père noël est-il une ordure ?



Des experts shadocks en train de résoudre un problème


Nous sommes en l’an huit après Cahuzac. Les politiciens mentent. Nous savons qu’ils mentent. Eux-même savent que nous savons. Et pourtant ils mentent. So ist das leben !

C’est ce que me disait ma correspondante allemande lorsque je me plaignais. So ist das leben – C’est la vie ! C’est bien, tu t’es plains ; maintenant passe à autre chose !

Pour une fois j’aimerais l’écouter et vous parler du Père Noël : est-ce une ordure ?

D’abord, quel est l’intérêt d’avoir un père noël ? Et pourquoi raconter cette stupide histoire aux enfants, qui n’y croient d’ailleurs pas une seconde ? Rendez-vous compte : À Ranchal, un village du Rhône, le maire a publié un arrêté officiel autorisant le père noël à survoler le village en dehors des horaires de couvre-feu, tout en limitant cependant le nombre de lutins à huit au lieu des treize habituels, cela afin de sensibiliser la population au respect des gestes barrières.

Mettons un instant de côté l’information à proprement parler pour nous concentrer sur ce détail d’une exquise perversité : la contradiction chez ces gens là est une seconde nature, presque la première ; tant est si bien qu’elle devient systématique. En lisant cette spécification ridicule sur le nombre de lutin, on ne peut s’empêcher de penser que huit lutins, plus le père noël, ça fait neuf ! Si les lutins sont susceptibles d’attraper le covid, pourquoi un arrêté officiel ne met-il pas en avant les recommandations officielles, à savoir : pas plus de six dans le traîneau. Par ailleurs, les lutins du père noël sont des êtres magiques, qu’on se le dise ! Avons-nous réellement fait suffisamment d’études randomisées en double-aveugle sur des êtres magiques pour nous permettre d’affirmer avec toute la suffisance péremptoire du spécimen bureaucratique français, qu’ils seraient susceptibles d’attraper le covid, de le transmettre, ou d’en subir quelques préjudices ? Montrez- nous les chiffres !

Finalement, le mensonge festif ne diffère pas vraiment du mensonge quotidien. Intéressons-nous à ce lutin, qui est-il ? Du fait de cet arrêté, notre lutin est devenu un travailleur précaire. Eh oui ! Vous pensiez que parce que vous n’existiez pas, vous ne pouviez pas vous faire emmerder par la mythologique bureaucratie française ? Perdu.

Réduire le nombre de lutin est une mauvaise solution dans tous les scénarios possibles. Soit les lutins sont susceptibles d’être contaminé et contagieux et dans ce cas là on imagine bien qu’en transportant des millions de cadeaux chez des millions de gens dans autant de foyer, cela ne peut que créer un ober-cluster. Qu’ils soient huit ou treize n’y change rien. D’ailleurs, pourquoi mettre la vie de ces pauvres travailleurs magiques en danger ? Les huit collaborateurs sont-ils quantités négligeable ? Leur donnera-t-on une médaille posthume ?

Soit les lutins ne peuvent pas transmettre le virus, ni être eux-même contaminés. Dans ce cas là on comprend mal l’intérêt de réduire leur nombre, alourdissant ainsi la charge de travail pour les autres. Aucune trace de considération envers l’honnête lutin ! Ce n’est pas le maire qui a de la suie jusqu’au coude à force de s’engouffrer dans des conduits étroits, pourtant voilà qu’il prétendrait apprendre au père noël son travail ; quelle impudence... L’homme politique français moyen n’y connaît rien, ni en vaccins, ni bien sûr en épidémiologie, ni même en cheminées magiques et rennes volants. Ici, il ne faut pas chercher la logique ou l’expérience, c’est l’idéologie qui parle.

1/ C’est bien que l’État donne son avis
Allez au théâtre, mangez au bistrot, restez chez vous, fêtez noël dehors, utilisez le préservatif et le masque pendant le sexe, pas moins de cinq fruits et légumes par jour, pas plus d’une heure de sport d’affilés, mangez sain dans un rayon d’un kilomètre, évitez le gras, respectez le couvre-feu, obéissez, Bla–Blah–Blaah, j’donne mon avis, Bla–Blah–Blaah

2/ C’est bien de réduire, on appelle ça optimiser
Moins de lutin, mais des lutins plus motivés. Des meilleurs process, plus sécure, davantage résilients. Une distribution smart. Nouveaux défis, nouvelles performances. De toutes façons, si on n’optimise pas nous sommes tous mort à cause du Co2.

3/ C’est bien de raconter des histoires
On le sait, les gens ne comprennent pas. Vous oui. Moi aussi, bien sûr ; mais les gens... Alors il faut leur raconter des histoires, pour faire avaler la pilule.

Ce qui est amusant avec ces histoires, c’est que personne n’y croit. Mais tout le monde joue le jeu. Tu as été sage ? Qu’est-ce que le papa noël t’a apporté ? Oh, bravo ! Tu as reçu un joli masque et du savon. Tu vas pouvoir sauver papy et mami !

Triste constat cependant : la liberté de l’individu a été expurgée des histoires racontées dans les médias.

Sur le plan politique, il faudrait choisir entre l’ultra-libéralisme (qui est davantage un anti-libéralisme) d’un côté et le spectre du communisme de l’autre. Le problème n’est ni l’un ni l’autre. Le problème c’est le prétendu choix qui n’en est pas un. Choisir entre la peste et le choléra, est-ce choisir d’être malade, ou peut-on estimer qu'il s'agit d'un dévoiement du sens du mot « choix » ?
Dans les faits, sous prétexte d’éviter l’un et l’autre on se retrouve avec les deux : un cross-over maléfique, l'anarco-autoritarisme ultra-communiste néolibéral. Malgré ses conflits d'intérêt avec Coca-Cola, le père noël fait figure de sympathique bonhomme à côté d’un type comme Georges Soros, le père fouettard du nouvel ordre mondial. Pourtant c’est un grand philanthrope. Il passe la moitié de son temps à soutenir l’émancipation des peuples qu’il pille par ailleurs durant l’autre partie de sa journée, au cours de son activité de spéculation. Ce génie des temps moderne exploite les prolétaires via le capital, tout en subventionnant auprès des même les luttes qu’ils pourraient mener contre lui. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais pensez-y : le bonhomme s’est offert la lutte des classes comme d’autres se payent un nouvel ordinateur sous le sapin.

Attention jeune cabri ! Le vote peut être utile lorsqu’il exprime un choix. Mais lorsqu’il symbolise l’impuissance face à l’oppression, l’esprit préfère lui substituer des histoires.

Et au fond de lui, chacun sait que ces histoires sont des mensonges. Après tout même si le corona était mortel à tous les coups, même si sortir était littéralement un suicide, de quel droit l’État interdirait-il à quiconque de se suicider ?

L’authentique bureaucrate demanderait plutôt : De quel droit l’État ne l’interdirait-il pas ?

Et, peut-être pire encore : si ça ne lèse personne, pourquoi s’en priver ? Puisque ça n’existe pas, puisque ce ne sont que des histoires que l’on se raconte, on entre dans l’univers du conte et de la féérie.

Lorsque le président annonce – à la fraîche – que nous serions en guerre, se met en place dans notre esprit une petite musique qui commence par « Il était une fois ».

C’est une musique de nous connaissons bien, il était une fois le père noël. Alors lorsqu’elle retentit au son d’il était une fois la guerre c’est comme ça. On connaît.
On sait que ce sont des mensonges et les enfants aussi savent que ce sont des mensonges. Et pourtant nous leur mentons et nous le faisons en sachant qu’ils le savent, et qu’ils savent que nous le savons aussi, mais tout est normal. Ce n’est qu’une histoire.

Nous sommes en l’an huit après Cahuzac. Toute la France est sous l’emprise des devins escrocs, prophètes de malheurs et autres lampistes pompeurs shadockiens. Toute la France ?

Commentaires

  1. Mais comment ne l'ai je pas lu avant ? Je me marre, comme à chaque fois ! Alors merci de me faire rire avec des sujets serieux !

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