Linguistique de la propagande – De quoi complotisme est-il le nom ?



Image extraite du film « Salo ou les 120 journées de Sodome » de Pier Paolo Pasolini (1975)


Pour manipuler l’esprit il est possible d’utiliser des structures de communication hypnotique afin d’altérer la perception du réel. Ce n’est pas la seule façon. Il existe un procédé beaucoup plus pernicieux qui s’attaque à la chair du langage : les mots.

C’est ce que dénonce George Orwell lorsqu’il parle de « novlangue » : la propagande tend à substituer au langage usuel un champ lexical qui lui est propre. « Le but de la novlangue était non seulement de fournir un mode d’expression aux idées générales et aux habitudes mentales des dévots du Parti, mais de rendre impossible tout autre mode de pensée.»

N’est-ce pas étrange ? La première fois que j’ai lu ce livre pendant l’adolescence, je me suis demandé comment la substitution d’un mot à un autre pouvait bien influencer le fonctionnement de la pensée. Lorsque je m’exprime en anglais, je n’ai pas la sensation de réfléchir différemment.

Les associations mentales inconscientes

Pour comprendre comment la substitution d’un mot à un autre modifie le cours de la pensée, il est intéressant d’observer la fonction de l’argot dans une langue. Pourquoi créer en permanence de nouveaux mots pour des termes liés à la sexualité ou l’argent par exemple ?

« Les mots d’argot sont des inventions linguistiques toujours renouvelées qui donnent une nouvelle expression aux pulsions, d’une manière qui les libère du poids inhibiteur des malencontreuses associations du passé. (...) L’argot commence comme une tentative créative sensible pour exprimer des pulsions nouvelles ou socialement réprouvées. Une fois que le mot d’argot devient populaire, par contre, il se charge de tellement d’associations négatives que la société rattache à la pulsion à laquelle il se réfère, que le terme devient grossier ou obscène. »2

Un nouveau mot, c’est une nouvelle virginité mentale. Le mot désigne la même chose, mais il n’est pas lié aux mêmes associations inconscientes, donc il prend un nouveau sens pour l’esprit. Comme pour l’argot, la création linguistique de la propagande exprime ses pulsions d’une façon inhibée.

Considérons le terme de complotisme. Le complotisme, c’est l’idéologie des complotistes nous dit Google. Les complotistes, ce sont les défenseurs d’une théorie du complot rajoute le moteur de recherche.

Quelqu’un qui dévoilerait un complot, nous avons déjà des mots pour ça. Si c’est un complot réel, on appellera ça un lanceur d’alerte, si c’est un complot imaginaire, on qualifiera l’individu de paranoïaque. Notons que le mot « complotisme » est péjoratif, cela implique donc, sans l’expliciter, que le complot dénoncé serait faux. La notion de « théorie » a pour effet de soulager le réel du poids des faits. Ce ne sont jamais les faits qui sont en cause, c’est toujours leur interprétation. C’est ce que révèle la définition du Larousse : « Le complotisme est une manière d’interpréter tendancieusement propre aux complotistes. »

Observez comment les termes se renvoient les uns les autres dans ces définitions : le complotisme est une manière d’interpréter le réel, propre aux personnes qui par idéologie défendent des théories impliquant l’existence de complots. On a l’impression que l’esprit est baladé d’un endroit à l’autre sans jamais pouvoir s’accrocher à quelque chose de solide.

Surtout, on remarque un glissement de l’attention, depuis les faits exposés jusqu’aux supposées desseins cachées de celui qui les expose. Plutôt que de qualifier l’individu par rapport à la véracité des affirmations, comme le font les termes « lanceur d’alerte » ou « paranoïaque », le terme complotisme qualifie l’individu par rapport aux intentions qui lui sont prêtées. L’emploi de ce mot « théorise » les faits, il les soustrait au réel afin de les cantonner à la sphère abstraite des pensées occultes.

La substitution linguistique

Pour aller plus loin, prenons un peu de hauteur en nous intéressant à l’humour. A priori, l’humour et la propagande n’ont rien à voir ensemble. Les complots, ça n’incite pas à se fendre la poire. C’est même précisément l’inverse : le mot « complotisme » incite à la gravité. Il invoque un sens solennel. C’est là que l’humour intervient, en nous permettant de comprendre comment tout cela fonctionne...

Freud nous expliqueque « l’essence de l’humour réside en ce fait qu’on s’épargne les affects auxquels la situation devrait donner lieu et qu’on se met au-dessus de telles manifestations affectives grâce à une plaisanterie. » Cette définition éclaire le rire sous un nouveau jour : rire, c’est se libérer d’une forme d’aliénation de l’affect. L’affect, c’est l’état d’esprit, c’est-à-dire ses émotions, sensations, sentiments.

« Ceci est complotiste » signifie tout à la fois « Vous dites qu’il y a un complot » ; « Il n’y a pas de complot » et « Vous ne devez pas dire ça ». Difficile de réagir ! Est-ce que je dis vraiment qu’il y a un complot ? Est-ce que réellement il n’y a pas de complot ? Que ne devrais-je pas dire et au nom de quoi ? Ce que l’on constate dans la définition, c’est-à-dire que les termes se renvoient les uns les autres, on le constate également lorsque ce mot est employé : l’esprit se perd et ne sait s’il doit répondre à propos des faits, du complot, de la théorie ou de sa personne.

Cela est possible grâce au même processus que dans l’humour. La condensation avec formation susbstitutive4. La condensation, c’est la condensation de la pensée qui parvient à exprimer beaucoup avec peu. La formation substitutive, c’est la forme que prend la pensée condensée, c’est-à-dire le mot qui se substitue à la pensée.

Freud cite le cas du condamné qu’on mène à la potence et qui, constatant qu’on est lundi s’écrit « quelle drôle de façon de commencer la semaine ! ».

Le terme complotisme est lui aussi une forme substitutive, qui condense différentes choses.

D’abord, c’est une insulte, qu’on pourrait traduire par « Taisez-vous espèce de paranoïaque ! » La substitution est bien pratique, puisqu’elle permet à ceux qui emploient le terme d’injurier et d’intimider d’autre personne sous des abords respectables : « Mais ne pourrait-on pas dire que certains de vos travaux alimentent le complotisme ? »

Quel est l’intérêt d’insulter les gens ? « Les mots obscènes sont une attaque agressive sur la structure associative de celui qui écoute, les termes obscènes dérangent et détruisent les attitudes et la vision du monde de celui qui écoute, si bien que le locuteur peut imposer les siennes.» L’insulte est à l’esprit ce que les coups sont au corps, une violence qui suscite un comportement instinctif. Sauf que si l’instinct peut être utile dans un combat, ça ne l’est pas dans un débat : les fonctions intellectuelles supérieures sont paralysées par l’injure.

Ensuite c’est un recadrage. « Ce que vous dites signifie que vous croyez qu’il y a un complot ». Le complot, qui est souvent absent du propos initial, se trouve être placé au centre d’un nouveau paradigme d’interprétation. Le recadrage est également au cœur de l’humour, lorsque la chute d’une blague provoque une nouvelle compréhension de la situation initiale. « Vous voulez un whisky ? – Juste un doigt. – Vous ne voulez pas un whisky d’abord ? » La dernière réplique transforme le sens de la réplique précédente, le rire est provoqué par le quiproquo ; quiproquo qui exprime la condensation des diverses significations. On rit parce qu’on n’a pas à penser à tout ça.

Dans le complotisme au contraire, on ne rit pas ; parce que chacun est invité faire l’examen de sa propre conscience : si mon interlocuteur a vu en moi un complotiste, après tout peut-être que c’est lui qui a raison ? Peut-être que sans le savoir, je suis victime d’une idéologie dont je n’ai pas conscience ?

L’inversion du rapport au réel

À propos d’idéologie, de quoi parlons-nous ?
Descartes a opposé la raison aux émotions et les neurosciences l’ont contredit. Nous réfléchissons avec nos émotions et pas malgré elles. Les émotions interviennent normalementaprès la raison, comme une étiquette qu’on collerait sur un dossier afin d’en condenser le propos. Grâce aux émotions, nous savons sans avoir besoin de réfléchir pendant des heures, si quelque chose est bon ou mauvais. L’émotion remémore la raison.
Dans l’idéologie, la raison devient un processus secondaire, qui prend place à l’intérieur d’une émotion. Comme l’émotion altère la perception du réel, même si l’individu raisonne correctement, ce raisonnement se fera sur la base de données transformées par le prisme idéologique.

Si donc je suis victime d’idéologie, alors mon esprit est sous influence et je ne peux pas m’en rendre compte. Cette suspicion que l’on nourrit à l’égard de soi-même est une sensation bien commune à l’ère du covid-19, où chaque bien portant craint d’être asymptomatique.

Notons que la substitution du terme « bien portant » par « asymptomatique » n’a pas une fonction comique. Elle condense pourtant le trait d’esprit dans Knock : « Tout bien portant est un malade qui s’ignore ».

Enfin, il y a dans le vocable « complotiste » quelque chose d’obscène. C’est un mot dont la fonction d’accusation est révélatrice. L’esprit est ainsi fait qu’il a tendance à voir ce qu’il regarde. Pour voir des complots, il faut en chercher. À l’époque où le professeur Raoult a proposé son protocole de soin, l’état d’esprit aurait du être de chercher des solutions, pas des complots ! Vous avez donc un dialogue qui s’articule ainsi : Pourquoi le remdesivir est-il préféré à la chloroquine ? Réponse : Parce qu’il n’y a pas de complot. – Pourquoi le vaccin est-il annoncé si tôt ? Il n’y a pas de complot. – Pourquoi des mesures aussi coûteuse et conjoncturelle plutôt que des investissements structurels dans l’hôpital ? Il n’y a pas de complot. etc.

Complotisme est en fait la forme substitutive d’une injonction paradoxale : Il faut ne pas penser qu’il y a un complot. Mais évidemment on ne fait que ça ! Et en tout premier lieu les comploteurs, qui voient des complotistes partout et les soupçonnent de tous adhérer en secret aux mêmes principes idéologiques et théoriques.

Le concept de complotisme est obscène, parce que sous prétexte de dénoncer l’absence de complot, il en exprime un. Sous prétexte de dénoncer une idéologie, ce mot est en fait exactement l’expression d’une idéologie. Mais laquelle ?

Représentons-nous la souffrance de celui qui vit en permanence sous l’injonction paradoxale de penser qu’il n’y a pas de complots. Pour réussir, l’esprit doit s’infliger une torture continue. Comme il est dans la nature de ce qui a été rejeté de l’être, l’esprit va l’assimiler à une forme de déjection mentale. Le comploteur se transforme alors en rectum : il cherche à évacuer les excréments. Seulement dans le corps humain, le rectum est le dernier maillon de la chaîne de digestion. Dans l’idéologie, c’est le premier. Ainsi le comploteur cherche-t-il symboliquement à ingurgiter des excréments afin d’accomplir son travail d’évacuation.

C’est ce mouvement que Pier Paolo Pasolini dénonce dans le film Salo ou les 120 journées de Sodome. Le réalisateur a politisé le propos du marquis de Sade en transposant son récit dans l’Italie fasciste de 1944. Si on ne perçoit pas le fonctionnement viscéral de l’idéologie et la symbolique du rejet qu’elle exprime, on ne peut pas comprendre en quoi le propos serait politique.

Il y a notamment la scène du banquet, où les quatre tortionnaires fascistes demandent à ce que soit servi, à eux ainsi qu’à leurs esclaves, le contenu des pots de chambre de tout le monde. Le spectateur a des hauts-le-cœur. L’horreur complaisante de la scène coupe toute forme de pensée. Où est le message politique ?

Il faut revenir à ce qui a été dit précédemment : le comploteur considère que dans l’interprétation des faits, c’est l’interprétation qui compte, pas les faits. La substitution linguistique qu’opère la propagande suggère une certaine interprétation plutôt qu’une autre. Mais l’essentiel ne réside pas tant dans le changement de vocabulaire que dans le changement conceptuel qu’il induit. L’idéologie revendique une emprise sur le réel. C’est l’idée qui existe avant la perception qu’on s’en fait : cela représente une violence inouïe pour l’esprit qui doit accepter de modifier ses perceptions afin qu’elles corroborent l’idéologie. La substitution linguistique n’est qu’une sorte de béquille mentale pour l’accepter.

S’il n’y avait pas cette béquille, le propos pourrait ressembler au dialogue de cette fameuse scène de banquet. « Carlo, es-tu capable de dire “Je ne peux manger le ragoût“ en tenant tes doigts dans ta bouche ? – Jegneuhpeuh manger gneuh ragoût – Bon, alors mange la merde ! »

Puisque le langage ne sert plus à condenser et se substituer à la violence, il devient absurde ; c’est une destitution. Le voile de l’imaginaire se déchire et les choses apparaissent pour ce qu’elles sont : l’idéologue veut me faire avaler de drôles de choses.

Lorsqu’un « expert » ayant pris fait et cause pour le Remdesivir se voit questionné sur ses conflits d’intérêts, il invoque le mot lien sur un ton professoral et récite alors ce qu’est un lien d’intérêt à ses interlocuteurs. Évidemment, la substitution linguistique n’explique ni ne justifie rien, elle permet cependant à celui qui en est l’auteur de quitter la place inconfortable de l’accusé pour prendre celle du professeur. La substitution occulte les faits en évoquant des principes généraux.

On observe la même mécanique qu’avec le complotisme ; la substitution opère sur un mode identique : corriger les pensées d’autrui. Si vous dites ce que vous dites, c’est forcément que vous interprétez mal les faits. Plutôt que de me justifier des faits, je vais vous expliquer ce que vous n’avez pas compris, jusqu’à ce que vous compreniez.

C’est une attitude que nous connaissons bien, qui est celle du politicien français moyen. Des journalistes suisses s’en étaient amusés dans un article de 2013 : « Il faut savoir que, pour un élu français en tournée en province, si on n'est pas d'accord, c'est qu'on ne l'a pas compris. Alors il réexplique, plus lentement. Il articule6. »

Le fascisme

Les questions de vocabulaire soulèvent, en raison des associations subliminales d’un mot, des affects différents pour des situations identique. Du fait du mécanisme de condensation et de substitution, la propagande opère à travers son vocabulaire un véritable lavage de cerveau puisqu’elle agit sur les perceptions inconscientes à un niveau symbolique.

Ce qui doit être rejeté est assimilé à un déchet, c’est un recadrage ontologique et rétro-actif. Ontologique, puisque l’idée, qui est un objet mental abstrait, se transforme en idéologie. C’est un changement de nature puisqu’au lieu d’être perçu par l’intellect, il est désormais perçu par l’affect. C’est un recadrage rétro-actif, puisque ce qui est désormais perçu à travers le prisme idéologique comme un déchet semble avoir toujours été un déchet.

Cette façon de procéder porte un nom en politique, et comme les choses sont bien faites, le mot qui qualifie ce processus en est lui-même victime : le fascisme. Le fascisme, c’est de la merde. De ce point de vue là, dire que le gouvernement français est fasciste s’apparente pour l’esprit qui le perçoit à cette scène du banquet décrite plus haut. « Je mange des excréments. » En conséquence, cette pensée écœurante est refoulée : on ne peut en nourrir sa réflexion.

Il est impossible de penser a priori que nous pourrions vivre dans un régime fasciste.

« Dans tout véritable fascisme, on trouve toujours des éléments qui nous font dire qu’“il ne s’agit pas encore d’un fascisme total, qu’il existe encore en lui des éléments contradictoires issus de traditions de gauche ou du libéralisme“ ; pourtant, ce détachement – cette distance à l’égard – du fantôme du “pur“ fascisme est le fascisme tout court. Le “fascisme“, dans son idéologie et dans sa pratique, n’est rien d’autre qu’un certain principe formel de distorsion de l’antagonisme social, une certaine logique de son déplacement se déroulant par le biais d’une combinaison et d’une condensation d’attitudes contradictoires7. »

Selon cette définition, le fascisme n’est pas un certain type d’organisation du pouvoir orienté autour de thématiques comme l’immigration, la nation, ou l’Etat. Il n’existe pas de proto- fascisme, c’est-à-dire de mécaniques préliminaires à l’instauration du fascisme. Le fascisme est une façon de faire, une manière de procéder. Slavoj Zizek explique ainsi « il n’y a rien de fasciste dans le rêve de l’idéologie fasciste (le désir de communauté authentique, de solidarité sociale, etc.) ; ce qui explique le caractère fasciste de l’idéologie fasciste, c’est la manière dont ce rêve est transformé par le travail idéologique de façon à légitimer les relations sociales d’exploitation et de domination ».

Il ajoute « les idées dominantes ne sont jamais directement les idées de la classe dominante ». Comment interpréter tout cela à la lumière de la situation actuelle ? Le fascisme, c’est cette condensation d’attitudes contradictoires, rendus absconses au moyen de substitutions linguistiques, qui légitime une certaine forme de domination au nom des valeurs des dominés. C’est un processus de « déplacement de l’antagonisme social ».

Concrètement, si j’ai envie de sortir me promener ou d’aller au restaurant et que le gouvernement m’en empêche, le problème c’est le gouvernement. L’antagonisme, qui est présenté sous la forme « comment se protéger du virus » légitime dans sa construction idéologique l’oppression, la menace et le racket qui s’en suivent. Les substitutions successives agissent à un niveau subliminal pour faire accepter au moyen de recadrages rétro-actifs la légitimité de cette oppression, sans naturellement la questionner. Le fascisme, c’est ce mouvement de l’esprit qui dit : « pour sauver les personnes fragiles, donnons-leur du Rivotril » ou encore « en raison de la crise sanitaire, la vente de gel hydroalcoolique et de masques est désormais interdite » ou finalement « pour protéger votre santé, vous n’êtes plus autorisés à vous en occuper ».

En septembre 2019, une partie de la France, déjà, avait été confinée. Suite à l’explosion de l’usine Lubrizol, à Rouen, et devant l’habituelle impuissance des pouvoirs publics à apporter une solution, il avait été préconisé aux habitants de rester chez eux.
Aurait-on imaginé que le gouvernement envoie des policiers pour contrôler ? Non, le bon sens aurait crié : mais si c’est dangereux d’être dehors, il faut limiter les déplacements ! Aurait-on imaginé que le gouvernement menace de prison ceux qui ne suivaient pas les consignes ? Non, là encore, le bon sens aurait considéré que suivre les consignes était une option mais en aucun une obligation. Après tout, étymologiquement « France » signifie « le pays des hommes libres ».

Dans un état démocratique, la police est au service du peuple, sa fonction est d’assurer la sécurité de chacun. Dans le fascisme, la police a été transformée en milice pour protéger le gouvernement contre les populations. Le citoyen n’a plus la sensation de devoir montrer patte blanche, il a la sensation qu’on lui cherche la merde au cul.

La propagande est l’arme du fascisme. Le fascisme est un processus politique violent d’inversion idéologique qui légitime l’oppression systémique en substituant les cadres de référence habituels. Par rapport à une dictature, qui tirerait sa légitimité de la violence, le fascisme n’entends pas uniquement soumettre les corps, mais aussi les esprits. En ce sens, elle est un processus d’agression totale, qui s’attaque aux structures économiques ou législatives aussi bien qu’au mode de pensée de l’individu, jusqu’à les annihiler. En 1958, le Parti Communiste chinois eu une idée brillante : la Chine devait rattraper, en quatre ans, les grandes civilisations industrielles. Chaque citoyen fut donc obligé d’aller travailler à l’usine. Comme plus personne ne travaillait aux champs, il n’y eu bientôt plus rien à manger. En quatre ans, cette lumineuse idée qualifiée de « Grand bond en avant » fit cinquante millions de morts du fait de la famine. Voilà ce qui peut arriver lorsque le bon sens est persécuté.


À retenir :

1/ Les mots sont chargés d’associations cognitives liés à des affects positifs ou négatifs, c’est la raison pour laquelle la substitution d’un terme par un autre peut influencer la perception d’une situation : les affects ne sont pas les mêmes.

2/ L’humour et l’argot sont deux formes de gymnastique mentale qui libèrent du poids inhibiteur et des affects liés à une situation. La propagande utilise la même gymnastique pour un effet inverse : inhiber la pensée au moyen d’une surenchère dans l’affect négatif.

3/ La propagande est l’arme du fascisme, qui est lui-même le chemin vers le totalitarisme. Les totalitarismes sont des formes de gouvernements paranoïaques qui considèrent que tous les problèmes peuvent se résoudre à travers le contrôle mental des populations.

4/ L’idéologie totalitaire est une forme de pensée mystique qui tend à s’imposer par la transcendance, mais sans viser au sublime. Idéologie du rejet, elle modifie progressivement le corps social afin de le stratifier en différentes couches, physiques ou psychologiques, qui s’oppriment les unes les autres.


George Orwell, 1984

Ernest Rossi & Milton Erickson, L’homme de Février, évolution de la conscience et de l’identité en hypnothérapie

Sigmund Freud, Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient

idem

Ernest Rossi & Milton Erickson, L’homme de Février, évolution de la conscience et de l’identité en hypnothérapie, p120

https://www.huffingtonpost.fr/fathi-derder/crise-economique-france_b_3227852.htmlSlavoj Zizek, Plaidoyer en faveur de l’intolérance


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